Le bout de ma rue |
La
nuit a fait son oeuvre et même si je suis un peu décalé (+5 heures
avec la France) je me prépare pour une première sortie.
Au début, toujours partir sans plan, l'idée étant de se familiariser avec le
quartier. Pour ne pas me perdre je suis toujours des parallèles ou
des perpendiculaires que je grave dans mon esprit. Je n'irai pas très
loin. J'aime prendre du temps et voir lentement. C'est un peu un
cadeau que l'on a attendu de longs mois et qu'on décide de déballer
doucement.
Ce
moment est toujours un étrange mélange de plaisir et
d'appréhension. Comprenons nous bien, cette appréhension n'est pas
quelque chose de désagréable, elle est même utile et il faut
savoir en tenir compte.
Partir
sans destination réelle n'est pas sans avantage, car lorsqu'on ne va
nulle part, il devient par définition impossible de se perdre.
J'habite
une petite ruelle perpendiculaire d'une bien plus grosse artère. La
ruelle est déjà très animée et je constate vite que presque tous
les rdc sont destinés à une activité commerciale. Restaurant,
café, location de scooter, agence de voyage. L'activité est déjà
importante malgré la taille de la voie. On ressent tout de suite
qu'il y a plusieurs échelles de commerces, ceux circonscrits à la
ruelle uniquement, ceux qui rayonnent au niveau du quartier puis du
district.
Je
débouche sur la plus grosse artère et j'ai alors droit à un avant-goût de ce que sera ho chi minh
(mais j'y reviendrai dans un autre article).
Je
longe cette avenue, et commence à repérer les restaurants et
boutiques qui vont constituer mon environnement direct.
Il
est toujours amusant d'éprouver de la surprise et de l'étonnement
pour des lieux, des choses ou des comportements que l'on tiendra
bientôt pour commun.
Pourtant, toutes ces choses ne vont pas changer
en quelques semaines, c'est le regard qui va s'habituer, c'est lui
qui finalement verra de la beauté là où il y trouvait de la
laideur, qui tiendra pour évident ce qui semblait incroyable.
Le regard est constamment en train d'évoluer, de s'adapter.
S'habituer
ne veut pas dire gommer l'émerveillement. Le processus
fonctionne dans les deux sens, on perd des choses et on en gagne et
ceux qui savent regarder j'en suis sûr
en sortiront enrichis.
Le
District 1 est apparemment assez central et important, puisqu'on a
vite fait de trouver les consulats qui se regroupent dans une même
zone.
On
sent que les choses évoluent très vite dans cette ville car les
petits commerces se juxtaposent facilement avec des boutiques de
luxes, les grands restaurants avec les bistrots de rue.
Après
un peu plus de trois heures de marche, d'aller-retours
en tous genres et de sourires d'étonnement, je décide de rentrer.
Les vestiges d'une autre époque |